La massification de l’enseignement supérieur confronte immanquablement les enseignants à des étudiants aux profils de plus en plus hétérogènes, à tous points de vue : cursus antérieur, prérequis, profils d’apprentissages, stratégies de résolution de problèmes, préconceptions, représentations, composantes identitaires, attentes, filières d’études, projet professionnel, rapport au savoir, motivation, compétences langagières... Si cette diversité est source de richesse, elle constitue dans le même temps un véritable défi.
En effet, la différenciation repose sur un postulat fort d’éducabilité : chaque étudiant peut apprendre et réussir pour autant qu’on crée les meilleures conditions pour ce faire. Ce principe peut parfois aller à l’encontre de certaines représentations professorales et sa mise en œuvre effective ne va pas de soi. Ainsi, la différenciation peut porter sur des axes multiples : les objets d’enseignement, les compétences sollicitées, les tâches prescrites, l’étayage offert par l’enseignant, la configuration de la classe… Si elle peut se mettre en place au sein d’un groupe réduit, elle peut également concerner un amphithéâtre de plusieurs centaines d’étudiants.
La différenciation s’inscrit de façon générale dans une politique plus globale de promotion de la réussite et de prise en compte des profils spécifiques. Pour autant, une logique de différenciation poussée à l’extrême peut parfois conduire à des effets pervers inattendus : le risque n’est-il pas de provoquer un nivellement par le bas ? De cantonner les étudiants à des stratégies bien routinisées sans les ouvrir à une certaine diversité ? Pire, d’aller à l’encontre d’une certaine équité ? Bref, si la différenciation fait l’objet d’un relatif consensus à l’heure actuelle, elle n’est pas exempte de questionnements et de limites. Et d’aucuns s’accordent sur la nécessité de différencier les moyens tout en maintenant des exigences élevées pour tous. On le voit, tenir compte des profils différents de nos étudiants peut mener, au final, à une amélioration globale de la qualité des apprentissages et à une société plus inclusive.
Le Pôle Liège-Luxembourg a souhaité consacrer son 6e rallye pédagogique à cette problématique, déclinée en autant de questions-clés. Qu’est-ce que la différenciation ? Quelles sont ses spécificités dès lors qu’elle s’incarne dans l’enseignement supérieur ? Quels en sont les fondements légaux et scientifiques ? Comment différencier ? Pourquoi et quand différencier ? Sur quelles dimensions doit porter la différenciation ? Jusqu’où différencier ? Quels sont les freins et les leviers du processus de différenciation ? Toutes ces questions constitueront le fil rouge d’un premier exposé plus théorique, de témoignages, d’ateliers ou de pratiques réflexives. Les TICE, comme outil de différenciation parmi d’autres, s’inscriront en filigrane des diverses contributions, lesquelles donneront à voir des publics, des disciplines, des contextes, des pratiques contrastés.
PROGRAMME
- 08h30 - Accueil
- 08h45 - Mot de bienvenue
- 09h00 - Conférence d’ouverture
- La différenciation serait-elle la boite de Pandore de la pédagogie ?
Eric Willems (Cellule PUNCH - Département Éducation et Technologie, UNamur)
- La différenciation serait-elle la boite de Pandore de la pédagogie ?
- 09h40 - Témoignages
- Dispositif de suivi personnalisé des étudiants en biologie bloc 1
Pierre Rigo et Marc Thiry (ULiège)
- Différencier le scénario pédagogique et l’évaluation via la plateforme Moodle
Christiane Mathy et Frédéric Senny (HELMo)
- Dispositif de suivi personnalisé des étudiants en biologie bloc 1
- 10h40 - Pause-café
- 11h00 - Un atelier au choix (en sous-groupes)
- Préparer des cours qui facilitent la mémorisation pour tout profil d’étudiant
La mémorisation des contenus de cours commence déjà lors des cours. Et chaque étudiant a sa propre méthode de mémorisation. Que faire, concrètement, lors de mes cours pour faciliter la mise en mémoire ?
- Se rencontrer pour différencier
Comment différencier les apprentissages si nous ne connaissons pas nos étudiants ?
De quels moyens disposons-nous pour identifier leurs ressources et leurs besoins ?
Échangeons sur nos pratiques afin de s’outiller pour se rencontrer.
- Initiation à l’approche pédagogique inclusive (conception universelle des apprentissages)
La diversité des étudiants fréquentant mes cours ne cesse de croître et me pousse à mettre en place des aménagements tant pour les étudiants en situation de handicap (handicap moteur, sensoriel, maladie, troubles des apprentissages…), étudiants Erasmus, que pour les étudiants ne pouvant être présent à mon cours au vu de leur programme.
Qu’ai-je déjà mis en place dans mes cours ? A quoi dois-je être attentif ?
Durant une heure et demie, les participants auront la possibilité de mieux connaitre les concepts de l’approche pédagogique inclusive via un moment théorique et des témoignages.
Les participants auront l’occasion d’analyser leurs propres pratiques au regard de grilles d’analyse concrètes en lien avec l’approche pédagogique inclusive.
Ils repartiront avec des outils permettant d’adapter une séance d’apprentissage, une évaluation voire le cours complet.
- Mon profil et celui de mes étudiants : y réfléchir avec le questionnaire de Kolb
- Préparer des cours qui facilitent la mémorisation pour tout profil d’étudiant
- 12h30 - Synthèse des ateliers
- 13h00 - Walking dinner