Le passage de l’enseignement secondaire à l’enseignement supérieur pose de réels problèmes à de nombreux jeunes !
Le pourcentage d’échecs des étudiants inscrits pour la première fois à l’université est éloquent : près de 60% des étudiants dits de première génération échouent au bout de leur première arrivée. Le pourcentage d’abandon est également assez élevé : presque un tiers des étudiants ayant entamé des études supérieures ne les finissent pas (Wathelet, Vieillevoye, Romainville, 2010)[1]. Certains chercheurs ont déjà travaillé sur ce sujet mais force est de constater que la maîtrise de la langue n’intervient qu’à 25% dans l’explication de la réussite (Romainville, 1997) [2].
Cependant, il est encore courant d’entendre en délibération ou dans les salles de professeurs que la « méconnaissance du français est une des principales causes d’échec dans l’enseignement supérieur ». Même s’il est réducteur d’utiliser les difficultés du langage pour expliquer l’important taux d’échecs en première année du supérieur, il n’en est pas moins vrai que la difficulté de langage reste bien évidemment une vraie source de problèmes.
La Commission Aide à la Réussite (CAR) a par ailleurs décidé d’investiguer cette problématique en compagnie de plusieurs experts dont le Professeur Dominique Lafontaine. Les conclusions de cette recherche sont similaires à la conclusion de Marc Romainville (2000) [3], à savoir qu’il ne faut pas nier l’importance des facteurs linguistiques, mais qu’il faut analyser les limites de cette croyance de départ dans le but de dresser des pistes d’actions concrètes comme, par exemple, le fait que « l’analyse des problèmes et les remédiations devraient toujours porter sur l’ensemble de la situation de communication l’étudiant, l’enseignement et le contexte ».
La Commission s’est dès lors positionnée et pense que si des tests de prérequis et des mesures d’amélioration de la maîtrise de la langue française devaient être réalisés, une contextualisation serait nécessaire. Ainsi, les tests standard proposés depuis plusieurs années ne rencontrent ni cet impératif de contextualisation, ni les objectifs de remise à niveau poursuivi par les Services d’Aide à la Réussite (SAR) de chaque institution membre du Pôle académique Liège-Luxembourg.
C’est dans ce contexte que la Commission a décidé de mener une remise en question tant sur le fond que sur la forme de ces tests standard avec l’accord du Conseil d’Administration du Pôle académique Liège-Luxembourg.
En parallèle à cette réflexion, la Commission travaille sur un premier projet ayant pour objectif d’accompagner les étudiants et de renforcer leur maîtrise de la langue française. Il s’agit d’un outil informatisé que vous retrouverez prochainement sur notre site internet.
En savoir plus sur cet outil ?
[1] Wathelet V., Vieillevoye S., Romainville M., (2010) Maîtrise des prérequis et réussite à l’Université », Actes du Congrès AIPU : Réformes et changements pédagogiques dans l'enseignement supérieur, Rabat, 17-21 mai 2010.
[2] Romainville M., Peut-on prédire la réussite d'une première année universitaire ? (1997) In Revue française de pédagogie. 119, p. 93-102 10 p.
[3] Romainville M., (2000) Et si on arrêtait de tirer sur le pianiste ? In La maîtrise du français : du niveau secondaire au niveau supérieur. Defays, J. M., Maréchal, M. & Mélon, S. (eds.). Bruxelles: De Boeck Université, p. 79-90 12 p.